Psychologie du développement

 

 

 

 

 

 

            Cours dispensés par Josette Ruel chercheur au CNRS.

 

Historique :

 

C’est un courant très récent, la place de l’enfant en tant que place privilégiée est très récente. L’enfant jusque là était considéré comme un adulte miniature .

 

En 390 après JC un arrêté interdit au père le droit de vie ou de mort sur ses enfants.

 

Au moyen âge : l’enfant est très tôt confronté à la vie d’adulte ,  il passe du sevrage à la vie active. Il n’y a pas d’éducation,

l’espérance de vie est très courte :

- 23 ans pour les hommes et 25 ans pour les femmes

 

 Au 17ème siècle la notion d’instruction arrive mais elle est plutôt religieuse

 

 

Erasme 1469

 

Première discrimination des stades du développement :

3 à 6 ans

10 à15 ans

 

Erasme propose des techniques pédagogiques. L’enfant est alors un homme en puissance, le développement n’est qu’anatomique. L’enfant naît avec un cerveau vierge (tabula rasa) qu’il faudra remplir

 

 

Montaigne : Il vaut mieux avoir une tête bien faite qu’une tête bien pleine

 

Bossuet : A la naissance, l’enfant est le produit du péché originel donc l’éducation devra lutter contre les déviances pécheresses.

 

 

Rousseau : Avec « l’Emile », J.J Rousseau ( à ne pas confondre avec le douanier J) écrit que l’enfant c’est la nature et donc il est naturellement bon (notion d’instinct). Le paradoxe c’est qu’il a abandonné les siens tout au long de sa vie.

 

 

Au début du XIXème siècle Jules Ferry a été le précurseur des actes pédagogiques 

 

En 1959 : Premier droit de L’enfant à l’ ONU.

 

Remarque : La considération de l’enfant va de paire avec l’économie nationale et le développement du pays.   

 

 

 

La fonction de parentalité

Le rôle de la mère

Théorie explicative

 

 

            La notion de parentalité et celle de parentage

 

            La parentalité : c’est tout ce qui fait que l’on devient parents

 

            Le parentage : Les conduits qui amènent  à être parents

 

 

La notion de parentalité  a fait travailler les psychologues cliniciens et les expérimentalistes (l’éthologie fait partie de la psychologie expérimentale) .

 

L’observation des femelles d’espèces animales permettent du point de vue phylogénique et ontogénique de faire des parallèles entre la mère et l’enfant. Mais il y a d’énormes différences et de plus ce n’est pas la branche la plus élevée de la phylogenèse qui s’occupent le mieux de ses enfants.

 

On observe surtout la notion  :

-          De soins

-          Du rôle de l’éducation

 

On observe alors des déclencheurs de comportement (stimulus, réponse), le béhaviorisme en a fait son cheval de bataille, il y a aussi la notion d’instinct.

 

Le lien mère enfant

 

En tant que psychologue, on peut s’interroger sur la taille disproportionnée de la tête du nouveau-né. C’est en fait un stimulus accrocheur pour la mère. La taille des yeux favorise les communications oculaires mère-enfant, donc la mère d’un jeune aveugle est moins attirée par son bébé.

 

Remarque ;

 

Entre 1 mois et 2 mois le bébé passe à la « phase du regard obligatoire fixe » l’enfant fixe avec une grande intensité son environnement. C’est une période de grande joie pour la mère qui se noie dans le regard de son enfant. Cette phase disparaît à 3 mois, c’est généralement la période de la crèche et la mère culpabilise puisque le regard  son enfant est mobil et ne reste plus fixé sur le sien.  

 

 

Par tout les canaux sensoriels : l’enfant émet des signaux que la mère perçoit.

 

 

En éthologie :

 

 

Konrad Lorentz parle « d’imprinting » (empreinte) pour cette période : s’il n’y a pas de figure d’attachement le lien ne se fait pas, déclenchée à la naissance c’est une période critique (qui entraîne d’autres phénomènes s’il n’y pas de stimulations.

 

 

En psychologie :

 

La psychologie du développement s’est intéressée à cette période pour expliquer les instincts maternels.

 

Bibliographie :

« Tout se joue avant cinq ans » pour prendre en compte cette période critique.

 

CYRULNICK : éthologiste psychiatre

 

Il parle du « toutiné » et du « toutacquis » les deux étant complètement imbriqués l’un dans l’autre. Il y a donc dans le développement de l’enfant intervention du patrimoine génétique et de l’environnement.

 

 

  GREENAUGH :

 

Dans ses recherches sur le développement, il emploie les termes expectant (lié à l’espèce) et dépendant (lié à l’environnement)

 

 

Mais attention : Il existe d’énormes dérives pour expliquer certaines maladies. L’autisme par exemple ne s’explique ni par la génétique, ni par l’environnement.

 

 

SPITZ :

 

Puisqu’il y a une période critique, s’il n’y pas de figure d’attachement durant cette période on peut supposer que ces carences agissent sur le développement ultérieur de l’enfant.

 

Il a travaillé sur des orphelins qui n’avaient pas de contacts affectifs et présentaient un QI très inférieur à des enfants élevés normalement.

 

 

Remarque : Si un bébé loupe cette période critique pour des raisons diverses cela entraîne t-il des effets définitifs sur son développement ? En fait notre dvp est très flexible et notre système nerveux aussi. Les voies neuronales s’adaptent et se réadaptent aux stimulations.

 

La plasticité  est aujourd’hui est une théorie acquise. Sauf dans certaines zones :

-          Aires primaires

-          Zones visuelles

-          Zone du langage…

 

 

En psychologie Cyrulnick parlera de résilience (capacité à reprendre une forme correcte). Donc le cerveau humain est malléable

 

 

 

La mère conçoit par nature un projet pédagogique pour son enfant. Mais est-ce que ce projet est en adéquation avec le développement de l’enfant ?

 

Résultat des travaux des cliniciens : 

 

-          La mère donne naissance à un être possédant un héritage génétique

-          Le Passé maternel provoquera ou ne provoquera pas la peur de l’accouchement

-          Etre mère est un état irréversible

-          Cette naissance provoquera une modification sociale de son statut dans le groupe auquel elle appartient.

-          L’arrivée d’un enfant handicapé bouleverse tout cela.

-          La mère devra-être protectrice et à la fois amener son enfant à l’autonomie.

 

Tout cela fait que la relation mère enfant est unique.

 

 

Le rôle de la psychologie expérimentale est de décrire tout cela et non  de l’interpréter

Le développement cognitif de l’enfant passe par des apports maternels ; quelle représentation se fait la mère du développement de son enfant ?( Le clinicien Serge Lebovici était un spécialiste de ce type d’interaction).

 

Par exemple : les dépressions chez la mère sont cause de problèmes de développement (bébé apathique)  

 

 

Par définition le bébé est sociable et il y a un échange, une communication qui correspond à un morceau de musique avec un rythme, des pauses. La dynamique des systèmes en maths correspond à la relation mère enfant c’est  un système en rééquilibrage constant. Il y a des phases consensuelles. Chaque phase est rompue par une nouvelle phase. Il y a obligatoirement un nouvel équilibre  qui apporte un plus ou des différences par rapport à l’ancien.

 

La mère a t-elle une bonne représentation du dvp de son enfant ?

 

On peut expliquer le développement de l’enfant par le fait que les étapes du dvp influencent et sont influencées par l’environnement social et physique (qui lui joue sur les représentations et les conduites éducatives). La représentation parentale des étapes du dvp de leurs enfants influence les étapes du dvp de bébé.

 

La pensée débouche de l’environnement social (Piaget)

 

 

Remarque : les courants qui prônent un maximum de stimulations pour un développement optimal de l’enfant, aboutissent aujourd’hui à des aberrations, ce n’est pas la quantité mais la qualité des stimulations qui compte. 

 

 

Des questionnaires, concernant le développement de leurs enfants, ont été distribués à des parents. Les réponses ont été multiples et variables :

 

-          Les réponses diffèrent entre le père et la mère

-          Il y a une sous estimation sur le dvp de l’enfant jusqu’à 6 ans

-          Après 6 ans les objectifs sont plutôt surestimés

 

Si les parents sont un peu en décalage avec la réalité, leur conduite est en adéquation avec leur idée du dvp.

 

Remarque : certains parents proposent des livres d’image à 10 mois (ce qui est logique) alors qu’ils avaient situé cette acquisition à 15 mois. C’est de la psychologie intuitive

 

Zone de développement proximale : si l’on considère l’acquisition d’une fonction à l’age de six ans et le stade préparatoire à l’age de 5 ans. La période entre 5 et 6 ans est la zone de développement proximale (ZPD), c’est durant cette période que l’enfant est apte à être stimulé. L’age d’acquisition dépend donc des stimulations effectuées durant cette ZPD.

 

Les 4 types de raisonnement des parents sur le dvp :

 

 

-          Le dvp symbiotique : je vais bien, bébé va bien

-          Catégoriel : le développement de l’enfant est indépendant des parents …. (à compléter)

-          Compensateur : Il existe des caractéristiques individuelles mais elles peuvent changer et évoluer.

-          Perceptif : Le dvp est expliqué par les transactions qu’il a avec son environnement .

 

 

Les parents oscillent entre ses 4 domaines, mais il n’y en a pas  qui prédomine. La représentation parentale du dvp balance entre l’innée et l’acquis.

 

 

Les courants psychologiques sur le dvp de l’enfant :

 

 

 

-         La position innéiste : on naît avec un programme vierge et tout le programme se déroule de la naissance à la mort

-          Nativiste : proche de l’innéiste, on naît avec un programme, les acquis sont des stimulations de ce programme à un moment prédéfinis.

-         Environnementaliste : tout le dvp est géré par l’environnement. (Watson )

-         Constructiviste : La pensée se structure avec le niveau de maturation (innée) et sous influence de l’environnement. Pour Piaget l’environnement physique influe sur la pensée et la maturation physique. Les deux étant étroitement liés.

-         Transactionniste : C’est un courant plus actuel qui tient plus compte de l’interaction sociale et moins de l’environnement physique. (Vygotsky)